Mon amour estival devient complètement hivernal

19 février 2020

Avez-vous déjà regardé un enfant qui roule à vélo pour la première fois sans l’appui de ses petites roues? Son visage est un assemblage d’émotions parfois contradictoires. Une base de grande joie, clairsemée de petite dose de peur, nappée d’un coulis de fierté… Cet assemblage, il était limpide sur mon visage lors de mon initiation au fat bike (vélo à pneu surdimensionné) au Centre national de cyclisme de Bromont. Cycliste sur route depuis quelques années, adepte du vélo de montagne depuis la saison dernière et cycliste de « vélo de maman » depuis belle lurette — ne cherchez pas la définition du vélo de maman dans les dictionnaires. Elle est propre à moi et se résume comme une cycliste amateur, de vélo bas de gamme, qui fait des balades du dimanche en tirant une charge dans un chariot rempli d’enfants. — je suis une amoureuse de cette sensation qui vient avec le vélo. Un niveau d’effort moyen, qui nous permet de nous remplir les yeux des paysages de toutes sortes et qui nous appose un sourire dès les premiers coups de pédalier. Ce sentiment je l’ai rapidement retrouvé après avoir compris que le fat bike, bien qu’hivernal, reste le même bon vieux vélo. Celui qui nous fait retrouver notre coeur d’enfant.

Comme j’aime m’appuyer sur une base théorique avant de me lancer, yeux fermés, dans une nouvelle discipline sportive, j’ai pu profiter du savoir, de l’équipement et des sentiers aménager du Centre National de Cyclisme de Bromont pour faire mes premiers coups de pédalier en Fat bike. En compagnie de ma coach Maxine, j’ai pu comprendre, intégrer et profiter des rudiments de cette nouvelle forme de cyclisme qui redonne à l’hiver tout son bonheur estival. Positionnement de base, freinage contrôlé, virage sans perte de vitesse, ascensions et descentes de dénivelé… tout y était pour bien profiter de la blancheur de la neige damée des sentiers du Centre National de Cyclisme de Bromont.

Or, je ne pouvais me douter que cette initiation allait me faire vivre des émotions aussi fortes sous la forme d’une butte redoutable et d’une chute spectaculaire. Une des plus grandes joies de la parentalité face à l’hiver est la mise au rancard des pansements de toutes sortes. Nous enfants, vêtus comme des bonhommes Michelin, sont à l’abri de toutes éraflures, genoux écorchés vifs et même des paumes de mains remplies de gravelles. En fat bike, même les chutes se terminent le sourire aux lèvres, les lunettes et le casque remplis de neige qui aura fait à merveille son travail d’amortissement. Comme quoi, même nos meilleurs vidéos de chute spectaculaire en fat bike ne causeront pas d’émoi sur les réseaux sociaux, mais nous donnerons le goût de remonter aussitôt sur notre monture.

Cette chute derrière moi, j’ai pu me rendre à ce qui allait être, sans le savoir, un moment charnière de ma journée d’exploration. Maxine me conduit au sentier #24 L’orange croche. Quelques mètres après le début, se dresse devant nous le premier obstacle d’une partie de « pump track ». Une butte de plus de 7 pieds de hauteur — ce n’est pas une histoire de pêche ici, alors vous pouvez me croire pour les dimensions! — avec un sommet légèrement aplati et une descente tout aussi agressive que la montée. J’ai pris quelques secondes avant de m’élancer pour me faire une tête sur le « comment » et un peu le « pourquoi » je me lancerais dans ce défi. Au bout d’un long souffle, je m’élance. Je pédale à fond pour pouvoir grimper sans ralentir, mais tout au sommet, la… chienne me pogne et je dépose mon pied à terre. C’était trop pour moi. Mais, il fallait bien redescendre. Quelques secondes plus tard, je trouve le courage de me lancer de nouveau pour aller finir la section de « pump track » avec plaisir. Avant même de finir la piste, je savais que je n’allais pas en rester là. Cette butte n’allait pas gagner. Non. J’ai retrouvé le chemin du début. J’ai fixé la butte du regard. J’ai poussé un long souffle. Je me suis élancée. J’ai vaincu! — Oui. C’est un peu une histoire de pêche. Parce que comme dans toute bonne histoire de pêche, le pêcheur a bien plus de plaisir que celui à qui il raconte son histoire. —

Alors, va donc toi aussi créer ta propre histoire de pêche sur deux roues surdimensionnées au Centre national de cyclisme de Bromont! Ça te donnera une raison de plus d’aimer l’hiver!

 

Marie-Pier Allard, Coureuse ordinaire