POUR L’AMOUR DE LA TERRE

2 septembre 2022

 

Je suis arrivé au Domaine Muscadine un dimanche matin autour de 9 h. Il faisait déjà assez chaud. Un début de mois d’août marqué par une canicule qui tarde à disparaître. La première personne avec qui je discute c’est Maélie, une jeune femme qui semble s’affairer à toutes sortes de tâches. Elle attire mon attention puisqu’elle a l’air particulièrement occupée.

Malgré un souffle court, elle accepte de s’entretenir avec moi. Je découvre qu’elle est l’ainée des trois enfants de Caroline Porlier et Dave Williams, propriétaires de ce magnifique domaine où l’on élève principalement des wapitis et du bœuf Highland. Maélie avoue qu’elle fait un peu de tout, mais sa passion c’est les chevaux. « Vous savez, j’ai un plan pour devenir à la fois vétérinaire et prendre éventuellement la relève du domaine! Et j’étudie actuellement pour en arriver là! » Cette passion est sans doute transmise par ses parents puisqu’une discussion avec Caroline et Dave, c’est aussi une leçon sur ce que ça signifie d’être passionné.

En faisant la tournée des quelques 100 acres de la terre, Caroline explique qu’ils ont sauté dans l’aventure il y a de ça 6 ans afin de vivre de l’élevage et de bénéficier au passage d’une réelle qualité de vie. « Notre priorité c’est avant tout la famille, ensuite c’est la qualité de vie et on verra pour les profits plus tard! » dit-elle avec assurance tout en ajoutant : « Nous ne voulons pas faire de production industrielle malgré la demande. Ce que j’aime, moi, c’est la proximité avec le client un point c’est tout! ». Dave de son côté est du genre plus silencieux mais en bout de ligne, il semble être LE technicien. Quand il parle, c’est pour parler de ses bêtes. « Tu vois ce wapiti? Remarque qu’il a fait ses bois et son panache est assez gros! Je vais devoir le séparer des autres. » Sans comprendre les particularités techniques de ses propos, je vois l’étincelle dans ses yeux et cela me suffit! Je quitte les lieux en les remerciant puisqu’ils ont été généreux de leur temps et contagieux de leur passion.

Mon assignation sur l’agro-tourisme me mène donc aux Jardins du Boisclair dans le cadre des 5 à 7 à la ferme. L’événement est une initiative de Tourisme Bromont en collaboration avec L’Escale qui vise à montrer une autre facette de la région et à promouvoir l’achat local en organisant des petits concerts hyper sympathiques dans les champs de différents exploitants. Ce soir-là, le show est assuré par le chanteur Charles Robert. Je ne connaissais pas l’artiste mais il est maintenant dans ma « playlist ». D’ailleurs son style Franco-Électro convient parfaitement avec la convivialité de l’ambiance. Le temps est clément et les gens sont heureux. Il y a une certaine sérénité à écouter de la bonne musique dans un lieu si bucolique.

Les Jardins du Boisclair c’est l’œuvre des sœurs Véronick et Nathalie Boisclair. Le duo cultive des légumes certifiés bio depuis 5 ans seulement. Elles sont seules à exploiter et gérer les 143 acres de la terre avoisinant celle où elles ont grandi. Comme au Domaine Muscadine, leur terre est fondée sur des principes de famille et d’art de vivre. D’ailleurs c’est joli et touchant de réaliser que chaque jardin possède le nom d’un membre de la famille. Véronick est catégorique : « la qualité de vie de ma famille est la priorité ». Nathalie de son côté ajoute : « nos valeurs déterminent le niveau de qualité de nos produits. Pour nous, l’agriculture de masse n’est aucunement dans nos plans. Nous voulons offrir au public une alternative à ce que l’on trouve dans les épiceries. »

Quand on arrive aux Jardins du Boisclair, un kiosque nous accueille. Dans le cas où personne n’y est, il y a, en façade du petit bâtiment, une très grosse cloche qui orne sa partie gauche. Il est écrit juste à côté : « Besoin d’aide? Sonnez la cloche FORT! » Il ne faut donc pas se gêner puisque Nathalie est sans doute dans le jardin Juliette en train d’installer des filets pour aider les pousses à grandir et Véronick s’affaire peut-être à cueillir des haricots dans le jardin Fabienne non loin du poulailler et des ruches d’abeilles. Dans tous les cas, elles se feront un plaisir de répondre à l’appel.

Peut-être que ce son de cloche signifie également autre chose. Peut-être est-ce le son d’un certain retour à la terre ou d’un retour à l’essentiel, disons. C’est donc sans prétention que Caroline et Dave ou Véronick et Nathalie vous proposent une nouvelle version des mœurs de la table en alliant tradition et innovation. Allez leur jaser! Vous deviendrez « accro », promis!

Jean Martin , Photographe professionnel, rédacteur et nouvellement arrivé dans la région de Bromont.