5 août 2019
Le jeune cavalier irlandais Daniel Coyle n’a pas perdu de temps pour faire bonne impression à sa première présence à l’International Bromont. La vedette montante en saut d’obstacles et sa monture Cita ont en effet gagné le Grand Prix FEI qui a clôturé l’événement, sous un soleil radieux dimanche, au parc équestre olympique.
Mieux encore, le rouquin de 25 ans a également pris dans la foulée le deuxième rang de l’épreuve avec son second cheval Farrel, si bien qu’il a mis la main sur la bourse du vainqueur (44 120 $) et celle de la 2e place (26 740 $) pour finir sa journée de travail avec une coquette somme de 70 860 $.
« Ce n’est pas nécessairement une surprise, car j’ai connu de bonnes performances ces deux dernières semaines à Bromont, mais tu ne peux jamais rien tenir pour acquis, puisque c’est à ce moment que tu commences à faire des erreurs, a indiqué Coyle après son triomphe. Cita va toujours mieux à pleine vitesse, je suis donc allé le plus vite que je pouvais et je suis évidement très content du résultat. »
En tout, huit duos ont réussi un sans-faute à leur premier passage sur le parcours très technique de plusieurs obstacles préparé par le chef de piste québécois, Michel Vaillancourt. Ils se sont ainsi qualifiés pour le barrage où le temps devient le facteur décisif en l’absence de points de pénalités.
Tout juste après avoir observé son compatriote Kevin Babington signer un chrono extrêmement rapide, une performance malheureusement plombée par la chute d’une barre sur le tout dernier obstacle, Coyle, aux commandes de Cita, a réussi un parcours sans faille en seulement 37,12 secondes.
L’Olympienne Jill Henselwood, qui a défendu les couleurs du Canada à Pékin en 2008 et à Londres en 2012, s’est ensuite élancée aux rênes d’Eblesse. Elle s’est approchée à quelques secondes du temps à battre sans toutefois parvenir à améliorer la marque établie par Coyle.
La cavalière d’expérience a tout de même grimpé sur la troisième marche du podium, ce qui lui a permis d’empocher une bourse de 20 055 $.
« Quand j’ai vu que Daniel était dans le barrage avec ses deux montures, je me suis dis : “Merde, ça ne me donne rien d’essayer d’aller trop vite, il faut juste que je m’assure d’aller chercher un chèque” », a-t-elle lancé en rigolant à La Voix de l’Est.
« Daniel est très rapide. Il est si bon et si naturel. C’est beau de le voir aller », a confié Henselwood sur un ton plus sérieux.
Elle n’a d’ailleurs pas hésité à comparer Coyle à un jeune Ian Millar, le cavalier canadien le plus décoré de l’histoire qui a établi un record en devenant le premier athlète, tous sports et pays confondus, à participer à 10 Jeux olympiques (de Munich en 1972 à Londres en 2012).
Du côté des cavalières québécoises, Bianca Lafontaine (Montréal) a bien fait en terminant au 13e rang tandis que la jeune Alexanne Thibault (Boucherville) a pris la 19e position après avoir notamment accroché l’obstacle aux couleurs de la Belle Province à son premier passage.
De bons mots pour Bromont
Classé 55e au monde en saut d’obstacles selon le classement Longines, Coyle vient d’une famille irlandaise bien connue dans le milieu équestre. Il y a près de cinq ans, il s’est toutefois retrouvé à la croisée des chemins lorsque l’un de ses meilleurs chevaux est décédé et que le propriétaire de son autre monture a décidé d’abandonner les sports équestres.
Avec l’aide de son agent Barry O’Connor, il a tout laissé derrière lui et a fait le saut en Amérique du Nord pour travailler comme cavalier pour les propriétaires canadiens de la ferme Lothlorien Susan et Ariel Grange, qui possèdent de nombreuses montures d’élite.
De fil en aiguille, il a fait sa place sur les circuits américain et canadien pour devenir l’un des beaux espoirs de sa discipline. Quelques instants après avoir été acclamé par les centaines de spectateurs ayant assisté à sa prestation au parc équestre olympique dimanche, l’Irlandais qui a fait le tour du continent a eu de bons mots pour l’International Bromont.
« Tu te sens vraiment supporté par la foule ici. On est toujours encouragés. Il y a beaucoup de non-initiés qui viennent en famille, amènent leur chien et profitent de la belle journée à l’extérieur pour regarder les compétitions. C’est ce que le saut d’obstacles devrait viser afin d’attirer plus de gens », estime Coyle, qui participera au prestigieux Masters de Spruce Meadows du 4 au 8 septembre à Calgary en Alberta.
« À ce temps-ci de l’année, il y a moins de compétitions d’importance à moins d’aller en Europe, mais là, je sais maintenant qu’il y a une autre bonne option avec Bromont. Et je compte bien être de retour l’an prochain », a-t-il assuré.
Un discours repris par Henselwood, surnommée la princesse de Bromont en raison des nombreux succès qu’elle a connus au fil des ans sur le manège de la rue Gaspé.
« C’est un de mes endroits préférés en Amérique du Nord. C’est le manège parfait pour faire grandir un cheval. Soit il passera le test et prendra confiance, soit il aura le trac en raison de la foule et du décor scénique et sa progression sera à réévaluer. C’est un lieu qui m’a permis de grandir, de développer mes aptitudes et aussi d’apprendre à parler français », a noté l’Ontarienne dans la langue de Molière.
Parmi les autres compétitions d’importance à l’affiche ce week-end, notons que l’Américain Andrew Kocher a remporté le Grand Prix modifié samedi soir tandis que Mélissa De Gaspé Gauvin a gagné le défi Canin/Équin disputé dimanche.
En route vers la 45e édition
Le directeur général de l’International Bromont, Roger Deslauriers, a par ailleurs dressé un bilan très positif de la 44e édition de l’événement, dimanche.
« C’est une édition réussie. Ça a été super, il a fait beau durant deux semaines et il y a certainement eu plus de visiteurs que l’an dernier. Les gradins étaient souvent remplis et nous avons eu de l’aide très appréciée de nouvelles personnes au niveau de l’organisation », a affirmé M. Deslauriers en précisant qu’il était toutefois trop tôt pour chiffrer l’achalandage.
« C’est un événement à Bromont. On fait la promotion des sports équestres et on veut continuer d’exploiter positivement ce sport-là, mais on ne veut pas que ce soit juste un horse show. On veut amener les gens à sortir, à venir passer une journée agréable chez nous, en faire un vrai événement », a résumé le grand manitou de la compétition.
L’Olympienne Jill Henselwood, qui a défendu les couleurs du Canada à Pékin en 2008 et à Londres en 2012, a pris le troisième rang aux commandes d’Eblesse.
– JULIE CATUDAL
Bien que la tenue des Jeux olympiques de Tokyo en 2020 risque de priver l’International Bromont de quelques cavaliers l’an prochain, dont les vedettes locales Mario et Lucy Deslauriers, Roger Deslauriers s’est dit nullement inquiet pour le 45e anniversaire.
« On a déjà des projets intéressants pour l’année prochaine. On aura un nouveau groupe notamment qui devrait m’aider à promouvoir ça davantage et on va aussi poursuivre l’association avec François Dumontier (le promoteur du Grand Prix du Canada) tout en tentant de faire plus de place pour la relève », conclut M. Deslauriers.