La journée du 13 août est à marquer d’une pierre blanche pour le Centre national de cyclisme de Bromont (CNCB). Le projet d’ovale intérieur et d’installations connexes que porte l’organisation depuis plusieurs années a franchi lundi une étape cruciale, alors que Québec a annoncé une subvention de 4,5 millions. Le rêve qui s’est évanoui il y a 29 ans avec la démolition du vélodrome de Montréal pourrait se concrétiser dès 2019.
Le CNCB est plus que jamais en voie de donner une seconde vie au seul vélodrome au Québec. Le dévoilement lundi par la ministre responsable de la Montérégie, Lucie Charlebois, de l’appui financier de Québec arrive à point pour l’organisation bromontoise qui planche sur ce projet d’envergure, dont le budget est estimé à près de 10 millions $.
La foule était en liesse lorsque la représentante du gouvernement libéral a présenté Nicolas Legault, qui porte à bout de bras l’initiative. « C’est un moment historique pour le cyclisme. Je suis à la fois ému et enthousiaste. C’est incroyable toute l’énergie qui se dégage de ce beau projet auquel on croit depuis si longtemps », a confié en entrevue le directeur général du CNCB.
Mettant en relief les nombreuses retombées qu’auront de telles infrastructures dans la région, le maire de Bromont, Louis Villeneuve, a profité de l’occasion pour souligner la ténacité de l’homme de vélo. « Nicolas est comme un chien après un mollet de facteur, a-t-il imagé. Il ne lâche pas. »
Notons qu’il y a quelques mois à peine, trois projets de vélodrome intérieur rivalisaient au Québec. Celui de Bromont avait toutefois pris une longueur d’avance sur ses concurrents montréalais et trifluvien. La Fédération québécoise des sports cyclistes (FQSC) avait par ailleurs pris position, il y a plus d’un an, en faveur du projet du CNCB. De même, en octobre dernier, une vingtaine de clubs cyclistes des quatre coins de la province ont fait front commun pour soutenir le projet bromontois, qui s’articule autour de l’ovale des Jeux d’Atlanta en 1996, rapatrié au Québec au tournant des années 2000.
Rappelons qu’en février 2016, Québec avait refusé la demande d’aide de 2,6 millions $ du CNCB, dans le cadre du Programme de soutien aux installations sportives et récréatives — phase III. Après avoir bonifié le projet, le CNCB a déposé une seconde requête lors du lancement de la quatrième mouture du programme, qui dispose d’une enveloppe de plus de 150 millions $, soit plus du double de la précédente.
De son côté, la Ville de Bromont s’est engagée à soutenir l’initiative à la hauteur de deux millions $. Nicolas Legault et son équipe veulent aller chercher la somme restante auprès de partenaires privés et du public. Une campagne devrait être lancée en ce sens au cours des semaines à venir. Un comité de construction est également en place pour réviser l’échéancier et le budget. Si tout se déroule comme prévu, le nouveau centre pourrait être opérationnel dès l’automne 2019, a indiqué le DG du CNCB.
Trois phases
Le projet global se décline en trois phases, et se veut une mise à niveau de l’ensemble des infrastructures du CNCB. La première étape consiste à mettre un toit sur le vélodrome. En plus de l’ovale de 250 mètres, dont la surface sera remise à neuf, deux gymnases multisports (volleyball, tennis, pickleball, trampoline et gymnastique, entre autres), une salle de formation et une piste d’athlétisme de 200 mètres doivent être aménagés dans le vaste bâtiment. La tenue de foires commerciales et de congrès figure également au plan d’affaires.
Le réaménagement de l’actuel bâtiment principal du CNCB constitue la seconde phase des travaux prévus. Ceux-ci nécessiteraient l’injection d’un demi-million de dollars. L’organisation, qui dispose à ce jour de 36 lits, voudrait ainsi bonifier sa capacité d’hébergement, en plus d’aménager l’immeuble pour que la clientèle paracycliste puisse y coucher.
Les bureaux seraient transférés dans le nouveau vélodrome. La mise à jour de la piste extérieure de BMX est aussi au programme.
Tout un volet de recherche et développement aux niveaux médical et scientifique doit aussi voir le jour si le projet se concrétise.
UNIQUE EN AMÉRIQUE DU NORD
S’il se concrétise, le projet de vélodrome intérieur du Centre national de cyclisme de Bromont (CNCB) propulsera toutes les disciplines dans ce créneau à un niveau supérieur, assure le DG de l’organisation, Nicolas Legault. « Il n’y aura aucun endroit en Amérique du Nord [comme le CNCB] où toutes les disciplines cyclistes seront réunies. […] Avec [un vélodrome couvert], notre région confirme son statut de destination vélo, son positionnement comme destination événementielle, sportive et touristique. »
En fait, l’objectif du CNCB est d’attirer 100 000 visiteurs d’ici trois ans, a indiqué lundi en point de presse Nicolas Legault.
L’entraîneur Yannik Morin est affilié au CNCB depuis des années. Il est d’avis que le vélodrome intérieur mettra plus que jamais les projecteurs sur le Québec comme chef de file en cyclisme. « Le vélodrome sera comme la pépinière des dépisteurs de l’équipe nationale de cyclisme, a-t-il indiqué en entrevue. On veut vraiment développer le programme de vitesse ici. »
Celui qui encadre les athlètes de haut niveau depuis des années estime également que plusieurs cyclistes canadiens, et même d’ailleurs sur le globe, convergeront à Bromont plutôt qu’à l’ovale ontarien de Milton. « Les cyclistes ont beaucoup de restrictions d’horaire pour avoir accès à la piste à Milton. Ce sera différent [à Bromont]. En plus, je pense qu’on est capables de mieux circonscrire l’entraînement dans un endroit comme ici. C’est sans compter que le milieu de vie en Ontario est beaucoup moins attrayant pour les athlètes qu’à Bromont. Grâce au vélodrome de Bromont, le sport va croître en flèche. »
Une vision que partage le directeur général de la Fédération québécoise des sports cyclistes (FQSC), Louis Barbeau. « On parle souvent du Québec comme étant un leader au niveau du cyclisme canadien. Sur piste, ce qui nous manquait pour nous démarquer est le vélodrome couvert, a-t-il mentionné en point de presse. Or, je peux vous assurer que d’ici deux à trois ans, les places pour les athlètes qui viennent d’autres provinces seront chèrement acquises. »
De plus, les nouvelles infrastructures permettront d’accueillir davantage d’événements internationaux. « Ça va changer le cours de l’histoire du cyclisme au Québec », a fait valoir M. Barbeau. Terminé l’exil pour bien des athlètes d’ici. C’est notamment le cas du coureur élite sur piste Hugo Barrette. « J’ai commencé ma carrière à Bromont. J’ai rencontré mes mentors là-bas. Ça m’a donné une carrière de rêve, a confié celui qui a fait ses débuts olympiques à Rio, en 2016. […] Je vois tellement d’athlètes qui auraient pu réussir, se rendre sur la plus haute marche du podium, mais qui ont dû arrêter leur carrière parce qu’il n’y avait pas de vélodrome couvert au Québec. […] Pour moi, c’est émotif. Ça fait près de neuf ans que je suis loin de ma famille, de mes amis. C’est un “no brainer” un retour au bercail. Pour bien d’autres athlètes aussi. »
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