15 juillet 2019
Comment permettre aux personnes à mobilité réduite et handicapées d’accéder à l’ensemble du vaste réseau de sentiers de Bromont, même les pistes les plus escarpées? La municipalité a relevé ce défi en s’associant à la Fondation des sports adaptés pour acquérir deux Dahüs. Ces fauteuils roulants tout-terrain uniques sont désormais mis gratuitement à la disposition du public.
«Encore une fois, Bromont innove, a lancé en point de presse le maire Louis Villeneuve. […] On a 140 km de sentiers. On a des touristes et des citoyens qui aiment le plein air. Les gens à mobilité réduite n’avaient vraiment pas de façon d’aller dans les sentiers. Maintenant, on a une solution pour eux.»
En fait, l’aventure de la création du Dahü, dont le nom est inspiré d’une espèce de chèvre mythique en Europe, a commencé il y a près de quatre ans.
«Ça ne me rentrait pas dans la tête que l’on n’ait rien qui permette aux personnes à mobilité réduite ou handicapées d’explorer tous les types de sentiers. Alors on a relevé le défi de créer un équipement spécifique. On en a brisé des roues pour arriver au produit final», a indiqué en entrevue le directeur général de la Fondation des sports adaptés (FSA), Steve Charbonneau.
Après quelques écueils, la FSA, qui offre aussi des camps de ski alpin et nautique spécialisés, a fait appel à Alexandre Dupont pour livrer un Dahü qui tient la route. «Quand Steve Charbonneau m’a approché il y a un an, il m’a demandé de monter la barre en mettant au point un Dahü solide, léger, durable et confortable. Après quatre mois de travail, je lui ai livré le prototype», a mentionné l’athlète en fauteuil roulant.
C’est avec une «grande fierté» que le créateur a vu le fruit de son travail dévoilé officiellement, lundi. Idem pour Steve Charbonneau.
«C’est mon bébé qui va se retrouver dans les sentiers à Bromont, a-t-il dit. Je suis extrêmement content.»
Liberté et complicité
La municipalité de Bromont a acheté deux Dahüs, au coût de 5000$ chacun. Les deux équipements sont disponibles au bureau d’accueil touristique de Bromont, a indiqué la chargée de projet du Parc des sommets et responsable des sentiers, Annie Cabana. La Ville ne ferme pas la porte à accroître l’offre en se procurant des fauteuils supplémentaires.
«On s’attend à une forte demande pour les Dahüs, a concédé Annie Cabana. Ça allait de soi d’adopter une innovation comme ça à Bromont. Surtout avec l’ajout de sentiers dans le Parc des sommets.»
Il est possible de réserver un Dahü en remplissant un formulaire via le site de la FSA. Comme le fauteuil tout-terrain doit être tracté et poussé en sentier abrupt, un partenariat a été conclu avec le Club de trail de Bromont.
Les membres de l’organisation, qui connaissent les particularités des 140 km de sentiers municipaux, sont donc bénévoles pour faire vivre aux personnes à mobilité réduite cette expérience unique. Les gens peuvent également choisir d’avoir leur propre groupe. Dans ce cas, une brève formation sera offerte avant le départ.
Louis Villeneuve n’a pas hésité à se mettre dans la peau d’une personne handicapée en prenant place sur un des fauteuils roulants tout-terrain dans le cadre de l’inauguration. Il a ensuite pu boucler un tronçon de sentier municipal, transporté par des membres du Club de trail de Bromont.
«Embarquer sur le Dahüs, ça m’a rapproché de notre fragilité comme être humain. Quand tu n’as aucun handicap, tu te lèves le matin et tu peux choisir de marcher, courir ou faire du vélo. Beaucoup de gens n’ont pas ce privilège. Voir toutes ces personnes autour de moi qui m’ont permis de vivre cette expérience, c’était franchement touchant», a-t-il confié.
Ève Morissette, handicapée depuis la naissance, a testé tous les prototypes du Dahü. Elle avait les yeux lumineux à quelques minutes de prendre le départ lors du lancement des fauteuils tout-terrain.
«Le Dahü, c’est génial. Je me plais à dire que c’est mon La-Z-Boyen plein air. Ça permet de créer un grand sentiment de liberté. Ça permet aussi de briser l’isolement. […] Tu développes beaucoup de complicité avec les coureurs qui sont avec toi. Il ne faut jamais oublier que c’est grâce à eux que tout est possible. Bref, tout le monde se dépasse.»